Cambodia’s opposition leader denounces the authoritarian drift of Hun Sen’s regime

Sam Rainsy deplores the authoritarianism of Cambodia's prime minister who is in power for the past two decades (Photo: AFP/Tang Chhin Sothy)

15 December 2009
By Jacques Follorou
Le Monde (Paris, France)

Translated from French by Tola Ek


L'article en français se trouve en fin du texte anglais.

“For now, I am an alibi for democracy to Hun Sen, my country’s prime minister, however I think that he will kill me before he quits power.” Opposition leader Sam Rainsy already escaped two assassination attempts: in 1997 and 1998. “To Hun Sen, I am a guarantor to the foreigners that he respects freedom, but in reality, his regime never ceased to harden up.”

Currently in Paris, where he once lived, Sam Rainsy uses his quick wit and his oral gift to describe the development of the Cambodian society. Symbolizing an elite in exile before returning back home to take on political position, he looks ten years younger than his actual 60-year-old age. A former Finance minister between 1993 and 1994 in the coalition government, he embodies an alternative to the old decaying Hun Sen regime. The latter is in fact one of the oldest leaders in the world who still in power, and he is also the leader of the Cambodian People’s Party (CPP) which advocates a Vietnamese-inspired model of market economy.

In November, the political hardening of Cambodia was translated into a crisis with Thailand, its neighbor. Diplomatic relations were cut off between the two countries after Hun Sen decided to offer asylum to Thaksin Shinawatra, the former Thai prime minister who was sentenced in his country to two years in prison for embezzlements. Cooperation agreements between the two countries were suspended following Thaksin’s nomination as personal advisor to the Cambodian prime minister.

“Hun Sen is pouring oil on fire with Thailand to weaken it within ASEAN, but also to hide the strengthening of his relationships with Vietnam, his other neighbor,” Sam Rainsy said.

Unexpected resistance

However, as head of the Cambodian opposition – the Sam Rainsy Party (SRP) –that counts 26 MPs and 7 senators, “the worst” is inside of the country itself. According to Sam Rainsy, “Hun Sen is held by his throat.” He recently reduced salaries for police officers, soldiers and civil servants and he is also initiating property tax, as well as taxes on motorcycles, the most popular transportation means in Cambodia. “Yet, he promised never to touch lands or popular transportation means.”

According to Cambodia’s opposition, public freedom is also seriously threatened. “The novelty is that he is now attacking militants at the base, not just the leaders only. Public meetings without authorization and demonstrations are prohibited, this regime holds itself up only through fear,” Mr. Sam Rainsy indicated.

The traditional political equilibrium which was assured by the weight of the royalist is no longer working. “Before, the royalists were the alternative to communism, but, since 1995, they only act as a guarantor and they allowed Hun Sen to remain in power.”

Likewise, according to Sam Rainsy, Hun Sen’s virulent attacks against the international tribunal currently trying the former Khmer Rouge leaders in Phnom Penh reveal “the regime’s true nature.” “He (Hun Sen) criticizes new charges brought up by the special tribunal because he is afraid to reveal openly the stranglehold of the former mid-level Khmer Rouge cadres who are now the main actors of the current regime.”

Nevertheless, according to the Cambodian opposition leader, “the authoritarian drift” of the regime would be blocked by unexpected resistance. The increasing use of mobile phones in the country contributes to the advancement of plurality during election campaigns and also to the distribution of alternative information to the regime’s media propaganda. The opening up of competition in some market segments, such as telecommunication, would loosen up the country’s stranglehold. “When a dictatorship wants modernity, it must accept a dose of freedom,” Mr. Rainsy indicated.
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Le chef de l'opposition cambodgienne dénonce la dérive autoritaire du régime de Hun Sen

15.12.09
Jacques Follorou LE MONDE

"Pour l'instant, je suis l'alibi démocratique de Hun Sen, premier ministre de mon pays, mais je pense qu'il me tuera avant de quitter le pouvoir." Le chef de l'opposition cambodgienne, Sam Rainsy, a déjà échappé, en 1997 et 1998, à deux tentatives d'assassinat. "Pour Hun Sen, je suis une caution pour les étrangers attestant qu'il respecte les libertés, mais en réalité, ce régime ne cesse de se durcir."

De passage à Paris, où il a vécu dans le passé, il use d'un esprit vif et d'un certain don de la formule pour décrire l'évolution de la société cambodgienne. Symbole de cette élite exilée avant de revenir au pays exercer des fonctions politiques, il fait dix ans de moins que ses 60 ans. Ex-ministre des finances entre 1993 et 1994 dans un gouvernement de coalition, il entend incarner une alternative au régime vieillissant de Hun Sen. Ce dernier est l'un des plus anciens dirigeants au pouvoir au monde et leader du Parti du peuple cambodgien (PPC), qui prône un modèle communiste d'inspiration vietnamienne tourné vers l'économie de marché.

Le raidissement de la politique du Cambodge s'est traduit, en novembre, par la crise déclenchée avec son voisin, la Thaïlande. Les relations diplomatiques ont été rompues entre les deux Etats après qu'Hun Sen a décidé d'offrir l'asile à l'ex-premier ministre thaïlandais, Thaksin Shinawatra, condamné dans son pays à deux ans de prison pour malversations financières. Les accords de coopération ont été suspendus après la nomination de Thaksin comme conseiller personnel du premier ministre cambodgien.

"Hun Sen jette de l'huile sur le feu avec la Thaïlande pour l'affaiblir au sein de l'ASEAN (l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est), mais aussi pour masquer le renforcement de ses relations avec le Vietnam, son autre voisin", estime Sam Rainsy.
Résistances inattendues

Mais, selon le chef de l'opposition cambodgienne, dont la formation politique, le Parti de Sam Rainsy (PSR) compte vingt-six députés et sept sénateurs, "le plus grave" se trouve à l'intérieur du pays. "Hun Sen est pris à la gorge", selon M. Rainsy. Il vient de réduire les salaires des policiers, des militaires et des fonctionnaires, et il a instauré un impôt foncier ainsi qu'une taxe sur les motos, moyen de locomotion très répandu au Cambodge. "Il avait pourtant promis de ne jamais toucher à la terre ou aux transports populaires."

Les libertés publiques, d'après les opposants cambodgiens, seraient également menacées. "La nouveauté, c'est qu'il s'attaque désormais aux militants de base et pas seulement aux chefs, les réunions publiques sans autorisation et les manifestations ont été interdites, ce régime se maintient par la peur", assure M. Rainsy.

L'équilibre politique traditionnel assuré par le poids des royalistes ne fonctionnerait plus. "Avant, les royalistes étaient l'alternative au communisme, mais depuis 1995, ils ne sont qu'une caution et ont permis à Hun Sen de se maintenir au pouvoir."

De même, les prises de position virulentes de Hun Sen contre le tribunal international jugeant actuellement, à Phnom Penh, d'ex-chefs khmers rouges dévoileraient, selon Sam Rainsy, "la vraie nature du régime". "Il critique les nouvelles poursuites engagées par le tribunal spécial, car il craint que n'apparaisse au grand jour l'emprise des ex-cadres intermédiaires khmers rouges jouant aujourd'hui un rôle de premier plan dans le régime".

Néanmoins, à en croire le chef de l'opposition cambodgienne, "la dérive autoritaire" du régime s'opposerait à des résistances inattendues. La multiplication des téléphones portables dans le pays contribuerait à faire avancer la pluralité dans les campagnes et à diffuser une information alternative à celle donnée par des médias tenus par le régime. L'ouverture à la concurrence de certains marchés, comme les télécommunications, desserrerait l'étau imposé sur le pays. "Quand une dictature veut la modernité, elle doit accepter une certaine dose de liberté", estime M. Rainsy.

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